L’article 47 de laloi n° 2014-1554 du 22 décembre 2014 de financement de la Sécurité Sociale pour
2015 crée, à compter du 1er janvier 2016, un nouveau dispositif appelé « Centre Gratuit d’Information,
de Dépistage et de Diagnostic » des infections
sexuellement transmissibles (CeGIDD).
L’opération consiste en la fusion des CDAG (centre
de Dépistage Anonyme et Gratuit) existants et les CIDDIST (Centre
d’Information, de Dépistage et de Diagnostic des Infections Sexuellement
Transmissibles) car leurs missions sont jugées complémentaires mais surtout redondantes (nombre
de centres de santé hébergent et font vivre ces structures comme c'est le cas,
dans le Val de Marne, à Ivry, Vitry et Champigny). Qu’elles ne fassent qu’un
allait de soi et ce surtout parce que les financements étaient différents. Les
CDAG sont actuellement financés par l’assurance maladie (selon des forfaits).
Les CIDDIST sont eux des actions « recentralisées » financées par
l’ARS donc l’ETAT. Cette fusion est programmée pour le 1er janvier
2016 donc demain.
Les missions qui lui sont attribuées sont
les suivantes : prévention, dépistage, diagnostic et prise en charge globale des risques
liés à la sexualité. Ainsi donc ces centres assureraient les missions actuelles
et « Au
titre de la prévention des autres risques liés à la sexualité dans une approche
globale de santé sexuelle, le centre accomplit les missions suivantes :
-
la prévention des
grossesses non désirées notamment par la prescription de contraception (y
compris d’urgence),
-
la prévention et
détection des violences sexuelles ou des violences liées à l’orientation
sexuelle et à l’identité de genre, par la proposition d’une orientation vers
une prise en charge adéquate»
Or ces dernières missions sont du ressort
depuis de longues années des Centres de Planification et d’Education Familiale
(CPEF) donc du Conseil Général (Rappelons que les CPEF sont très bien répartis
sur le 94 contrairement aux CDAG et CIDDIST existants).
Envisager une prise en charge globale de la
sexualité (en vue de créer des centres sexuels) est aussi cohérente. Cependant
le personnel nécessaire pour ces centres spécifiques comme les assistants
sociaux, les psychologues, les sexologues (que l’on compte sur les doigts d’une
seule main !) n’ont pas de missions clairement définies :
Pour l’assistant social, la priorité
est-elle de permettre l’accès aux soins ou auraient-ils d’autres missions ?
De même, les psychologues sont-ils prévus pour l’annonce des mauvaises
nouvelles (vue la démographie médicale) ou seulement effectuer de
l’orientation ? Rien n’est précis.
Les CDAG et CIDDIST actuels sont soit
hospitaliers soit non hospitaliers et parmi ces derniers ils peuvent être
municipaux. Qui mangera l’autre ? Les centres n’ayant pas ce personnel
seront ils éliminés en n’obtenant pas leur habilitation ?
Et le
financement ?
Que cherche-t-on, une cohérence dans la
démarche de santé publique auprès des usagers ou faire seulement des économies
sans se préoccuper d’objectifs clairs comme la réduction des inégalités d’accès
aux soins et à la prévention ?
Justement
regardons les financements prévus : et bien à ce jour nous n’avons aucun
élément ! Surprenant, non ?!
La non couverture du territoire (94) n’est
pas compatible avec la proximité nécessaire des actions de prévention. Sensibilisation et information sur la
sexualité est aussi une des missions spécifiques des CPEF du Conseil
Général, qu’ils devront mettre en
place, rien n’est dit sur les interventions dans les collèges par exemple. Faudra-t-il faire « avec » ou
faire « à la place de » ?
C’est vrai que La fusion se décline de
façons différentes : cela peut être un « Passage d’un corps de l’état solide à l’état liquide sous l’action de
la chaleur » ou bien « une
union de plusieurs atomes qui libère une énergie considérable »
Nous risquons d’y laisser des plumes mais
surtout les IST quelles qu’elles soient risquent de ne pas diminuer.
Passage au 1er janvier
2016 : ça ne vous rappelle pas quelque chose qui semble se mettre en place
de gré ou de force, sans consultation des habitants ?
Docteur Marianne Petit, 4 juin 2015