jeudi 4 juin 2015

CeGIDD = CDAG + CIDDIST mais avec quoi en moins ou en plus ?


L’article 47 de laloi n° 2014-1554 du 22 décembre 2014 de financement de la Sécurité Sociale pour 2015 crée, à compter du 1er janvier 2016, un nouveau dispositif appelé « Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic » des infections sexuellement transmissibles (CeGIDD).

L’opération consiste en la fusion des CDAG (centre de Dépistage Anonyme et Gratuit) existants et les CIDDIST (Centre d’Information, de Dépistage et de Diagnostic des Infections Sexuellement Transmissibles) car leurs missions sont jugées complémentaires  mais surtout redondantes (nombre de centres de santé hébergent et font vivre ces structures comme c'est le cas, dans le Val de Marne, à Ivry, Vitry et Champigny). Qu’elles ne fassent qu’un allait de soi et ce surtout parce que les financements étaient différents. Les CDAG sont actuellement financés par l’assurance maladie (selon des forfaits). Les CIDDIST sont eux des actions « recentralisées » financées par l’ARS donc l’ETAT. Cette fusion est programmée pour le 1er janvier 2016 donc demain.


Les missions qui lui sont attribuées sont les suivantes : prévention, dépistage, diagnostic  et prise en charge globale des risques liés à la sexualité. Ainsi donc ces centres assureraient les missions actuelles et « Au titre de la prévention des autres risques liés à la sexualité dans une approche globale de santé sexuelle, le centre accomplit les missions suivantes :
-       la prévention des grossesses non désirées notamment par la prescription de contraception (y compris d’urgence),
-       la prévention et détection des violences sexuelles ou des violences liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, par la proposition d’une orientation vers une prise en charge adéquate»
Or ces dernières missions sont du ressort depuis de longues années des Centres de Planification et d’Education Familiale (CPEF) donc du Conseil Général (Rappelons que les CPEF sont très bien répartis sur le 94 contrairement aux CDAG et CIDDIST existants).
Envisager une prise en charge globale de la sexualité (en vue de créer des centres sexuels) est aussi cohérente. Cependant le personnel nécessaire pour ces centres spécifiques comme les assistants sociaux, les psychologues, les sexologues (que l’on compte sur les doigts d’une seule main !) n’ont pas de missions clairement définies :
Pour l’assistant social, la priorité est-elle de permettre l’accès aux soins ou auraient-ils d’autres missions ? De même, les psychologues sont-ils prévus pour l’annonce des mauvaises nouvelles (vue la démographie médicale) ou seulement effectuer de l’orientation ? Rien n’est précis.
Les CDAG et CIDDIST actuels sont soit hospitaliers soit non hospitaliers et parmi ces derniers ils peuvent être municipaux. Qui mangera l’autre ? Les centres n’ayant pas ce personnel seront ils éliminés en n’obtenant pas leur habilitation ?
Et le financement ?
Que cherche-t-on, une cohérence dans la démarche de santé publique auprès des usagers ou faire seulement des économies sans se préoccuper d’objectifs clairs comme la réduction des inégalités d’accès aux soins et à la prévention ?
Justement regardons les financements prévus : et bien à ce jour nous n’avons aucun élément ! Surprenant, non ?!
La non couverture du territoire (94) n’est pas compatible avec la proximité nécessaire des actions de prévention. Sensibilisation et information sur la sexualité est aussi une des missions spécifiques des CPEF du Conseil Général,  qu’ils devront mettre en place, rien n’est dit sur les interventions dans les collèges par exemple.  Faudra-t-il faire « avec » ou faire « à la place de » ?
C’est vrai que La fusion se décline de façons différentes : cela peut être un « Passage d’un corps de l’état solide à l’état liquide sous l’action de la chaleur » ou bien « une union de plusieurs atomes qui libère une énergie considérable »
Nous risquons d’y laisser des plumes mais surtout les IST quelles qu’elles soient risquent de ne pas diminuer.
Passage au 1er janvier 2016 : ça ne vous rappelle pas quelque chose qui semble se mettre en place de gré ou de force, sans consultation des habitants ?
Docteur Marianne Petit, 4 juin 2015