vendredi 12 décembre 2014

Y aura-t-il des médecins à Noël ? Pourquoi nous ne ferons pas grève

La colère gronde dans le corps médical. Les syndicats de médecins libéraux, les cliniques, et même les urgentistes, chacun y va de sa protestation.
Il y a de quoi ! Les médecins comprennent que, plus ça va et plus leur "professionnalité" est remise en cause. Le sentiment est vif, il est largement partagé.
Mais nous ne ferons pas grève
Si le modèle de la médecine libérale à la française est attaqué de toute part, et si bureaucratie, autoritarisme et toute puissance budgétaire se sont emparés des commandes du système, c’est parce que le système est bien malade, et pour le dire tout net, parce qu’il est déjà en phase terminale.
Le lamentable échec des négociations conventionnelles libérales, qui menacent de faire sombrer avec elles l’Accord National des Centres de Santé illustre la situation : nous sommes rendus au bout d’un cycle.

Pas de médecins libéraux au moment de fêtes pour cause de grève ? Un avant-goût de ce que nos concitoyens connaîtront tout au long de l’année à brève échéance.
Les jeunes généralistes préfèreraient changer de métier plutôt que de l’exercer comme les anciens, c’est un fait.
Nous, médecins de centres de santé, ne ferons pas grève, car nous ne voulons pas entretenir l’illusion que le système doit durer jusqu’à l’agonie.

Oui, le projet de Loi de Santé est insuffisant !
Parce qu’il prévoit le tiers payant ? Parce qu’il ambitionne de faciliter l’accès aux soins et à la prévention ? Bien au contraire!

Le projet de Loi est insuffisant car il ne donne pas l’indispensable élan.
L’élan pour la création de plusieurs centaines de structures publiques d’exercice de la médecine de premier recours, dans lesquelles :
Le travail est organisé en équipe pluriprofessionnelle (généralistes, infirmières, dentistes, etc.),
Les médecins sont salariés, payés à la fonction, avec tous les avantages liés à ce statut (congés maternité, formation, etc.),
L’indépendance d’exercice est garantie à l’équipe,
La sécurité des patients est organisée dans des trajectoires efficientes, avec l’hôpital,
Le tiers payant intégral est systématique,
Les fonctions supports (informatique, tiers payant, facturation, gestion des ressources humaines…) sont déléguées aux personnes qualifiées.

Ce que nous voulons pour Noël ?
Que la révolution du premier recours se concrétise enfin !

dimanche 30 novembre 2014

Centres de santé dans la presse

On parle des centres de santé - Extraits du Quotidien du médecin et du Généraliste, parus la semaine dernière.

Dans le Quotidien du médecin du 21 novembre 2014
"Échec de l’« interpro », austérité budgétaire : les centres de santé en alerte maximum

Les gestionnaires et les médecins salariés des centres de santé ont fait part ce jeudi de leur inquiétude croissante au sujet de leur avenir, lors d’une conférence commune. Les derniers rebondissements de l’actualité conventionnelle et les contraintes financières qui pèsent sur les collectivités territoriales ont assombri l’horizon.

La Fédération nationale des centres de santé (FNCS, gestionnaires) déplore l’échec des négociations interprofessionnelles des libéraux de santé qui, par effet domino, a bloqué la négociation parallèle des centres de santé sur la rénovation de leur accord national et la valorisation de leurs missions.

Les centres devaient notamment percevoir la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) et les différents forfaits élaborés pour la médecine de ville. Ils devaient également bénéficier de l’enveloppe dédiée à la pérennisation des nouveaux modes de rémunération (NMR), qui financent jusqu’à la fin de l’année la coordination de 40 centres (et 260 maisons de santé pluridisciplinaires).


lundi 17 novembre 2014

Non à la réduction de l'offre de soins à Colombes




Madame la Maire de Colombes ( Hauts de Seine) a pris la décision de supprimer toutes les spécialités médicales et la chirurgie dentaire du Centre Municipal de Santé au 1er janvier 2015 !

Le comité de défense du CMS de Colombes dans les Hauts de Seine a mis une pétition en ligne pour s’opposer à cette décision inconséquente !

Nous vous appelons à signer la pétition massivement !


L'USMCS soutient les personnels et les usagers du CMS de Colombes qui se battent pour préserver toutes les activités du centre de santé et ainsi, l'accès aux soins de qualité pour tous.

L'USMCS exige que la Maire annule sa décision sans délai !

Pour l'Union Syndicale des médecins des Centres de Santé
Dr Eric May, Président

lundi 10 novembre 2014

L'avenir des centres de santé en suspend

Le 54ème congrès national des centres de santé s’est terminé sur un double constat partagé par tous les congressistes et tous les représentants de l’Etat, de la CNAMTS et  des associations d’usagers présents :
1.     Le centre de santé est un modèle d’organisation des soins ambulatoires plus que jamais d’avenir. Il  a une place de choix à tenir dans un système de santé refondé, basé sur une organisation territoriale de l’offre de santé  articulant efficacement  secteur ambulatoire et hôpital. Il est  d’évidence aujourd’hui la structure la plus pertinente d’accueil et d’accompagnement  des usagers  dans leur parcours de santé et dans un cadre de service public garanti par la loi, au service de tous les publics : accès aux droits, prévention, soins et accompagnement social.  
2.     Mais l’avenir du centre de santé est suspendu à l’évolution de son cadre réglementaire et de son modèle économique…
Nous avons longuement débattu au congrès des attentes que suscitent les engagements de la Ministre qui ont été rappelés en ouverture par le Directeur Général de la DGOS et les négociations  conventionnelles en cours auxquelles participent les organisations gestionnaires des centres.

mercredi 5 novembre 2014

IVG médicamenteuse en centre de santé... pas si simple

Une jeune femme pousse la lourde porte du centre municipal de santé, elle semble un peu égarée et effrayée. Elle s’approche du bureau en demi cercle où l’on peut lire : « pré-accueil ».
- Bonjour madame vous cherchez quelque chose ? lui demande la secrétaire.
- Heu, on m’a dit que je pouvais voir une infirmière…

-C’est au fond de la salle… mais c’est pourquoi ?

La femme est déjà partie, elle traverse la salle d’attente et sonne à la porte de l’infirmerie. Une infirmière lui ouvre.

-Est-ce que je peux rentrer

-bien sur

-Je suis enceinte et une copine m’a dit que vous faisiez des IVG ici…

-Attendez, on va se mettre dans un coin et vous allez me raconter...puis il faudra voir un médecin pour qu’il vous fasse des ordonnances et déclare le début du délai de réflexion, je vais tout vous expliquer…



04/07/2001 les IVG Médicamenteuses sont autorisées en médecine de ville.

06/05/2009 un décret autorise les IVG Médicamenteuses en Centres de Santé

2009 : Démarrage des ENMR

2010 : Les centres municipaux de CHAMPIGNY décident d’élaborer un protocole de coopération professionnelle qui concernera les demandes d’IVG.

jeudi 30 octobre 2014

54ème Congrès national des Centres de Santé. Un succès oui mais...


Ce congrès 2014, malgré de nombreuses difficultés conjoncturelles, a été un succès d’audience, de fréquentation, marqué par la richesse et la diversité des thèmes abordés ainsi que par le haut niveau de qualité des nombreuses interventions. Si la Ministre de la Santé était présente l’an passé pour marquer son intérêt pour les démarches portées par les Centres de Santé, elle s’était fait représenter, pour son discours d’ouverture du congrès, par le Directeur Général de la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) et, par ailleurs, c’est la Secrétaire d’Etat à la Politique de la Ville qui faisait, le 2ème jour, une allocution au nom de son Ministère. D’autre part, de plus en plus nombreux sont les responsables nationaux et régionaux qui tiennent à suivre nos travaux : que ce soient les directeurs d’ARS et de CPAM, les présidents d’ordres, les responsables de la CNAM, les représentants de l’HAS, de plus en plus d’élus locaux...

dimanche 19 octobre 2014

Filière universitaire de médecine générale et centres de santé. Une évidence...?

Depuis 2004, la médecine générale est devenue spécialité.
Comme tous les autres spécialistes, les jeunes médecins généralistes qui terminent leurs études sont donc titulaires d’un Diplôme d’études spécialisées (DES). Et, à l’instar de toute discipline universitaire, la médecine générale se dote d’une Filière universitaire de médecine générale (FUMG) destinée à encadrer la formation de ces futurs professionnels et à développer  la recherche en médecine générale.
Les centres de santé ont toute leur part à prendre dans la construction de cette filière.

mercredi 15 octobre 2014

Mobilisation de la coordination de défense et de promotion des centres de santé


Cette coordination, composée essentiellement de l’Union Syndicale des Médecins de Centres de Santé, du Syndicat National des Chirurgiens dentistes de Centres de santé, du Syndicat des Kinésithérapeutes de centres de santé et de comités d’usagers des centres de santé est particulièrement inquiète du peu d’empressement de la CNAM à répondre aux besoins  de financements des missions et services portés par les centres de santé, des louanges non suivies de véritables décisions en faveur de nos structures de la part du ministère de la santé, de l’attitude de certains  nouveaux maires fraichement élus vis-à-vis de l’important service au public que représente nos centres, se mobilise.

mercredi 1 octobre 2014

Rémunérer à l'acte menace les centres de santé


La rémunération à l'activité sélectionne les actes et met en danger les centres de santé.

Plusieurs rapports récents préconisent le paiement des praticiens à l'activité dans un souci de bonne gestion des structures (une étude commanditée par l'ARSIF, une autre par un organisme mutualiste et le rapport de l'IGAS sur les centres de santé paru en juillet 2013)

Selon les conclusions de ces études, ce type de rémunération favoriserait une certaine forme de productivité, laissant à penser que les praticiens salariés dormiraient quelque peu sur leur lauriers et seraient générateurs de « déficit » pour les structures dans lesquelles ils exercent.

Traditionnellement, les centres de santé, en particulier les centres de santé municipaux historiques, rémunèrent leurs praticiens à la fonction.
Certains gestionnaires municipaux, associatifs ou mutualistes ont, petit à petit, fait entrer une part de rémunération à l'activité dans la rémunération des praticiens, soit en intéressant leurs salariés aux actes techniques via un pourcentage de celui-ci, soit en substituant totalement le salaire fixe à une rémunération stricte à l'activité.

mardi 30 septembre 2014

Révolution du premier recours : c’est pour quand le Grand Soir ?

Face à la crise économique, la crise sociale, la crise politique et bientôt peut être la crise institutionnelle, le pays parait en état de sidération. Arriverons-nous à trouver  des motifs d’espoirs en cette rentrée pour la santé et pour les centres de santé ?
C’est bien possible et c’est au Congrès National des Centres de Santé que je vous donne rendez vous les 2 et 3 octobre prochains, à Paris, pour en débattre ensemble. La Ministre de la Santé y est attendue pour la deuxième année consécutive, et tous les représentants des centres et de la Santé seront présents.
Mais en attendant que retenir de ces derniers mois ? 

L’avant projet de la Loi de Santé a été rendu public.
Il aurait  pu (dû) être à la fois notre lecture de l’été et l’ouvrage de notre rentrée littéraire …
Peine perdue, malgré tous nos efforts, on n‘y arrive pas, on n’arrive pas à se passionner à sa lecture. On doit cependant lui reconnaitre sinon une qualité, au moins une caractéristique, la fidélité, rare en ces temps de remaniements accélérés et de retournement historique de veste  qui nous laisse tous pantois (de celui qui, vous vous souvenez, nous disait que l’adversaire était la finance …).
Voilà un projet qui est fidèle aux annonces et aux discours de son inspiratrice, Madame Marisol Touraine, notre Ministre de la Santé. Il décline sans rupture de ton et dans le cadre préfixé par la Stratégie Nationale de Santé ( SNS) ce que devrait être la nouvelle organisation de la santé, encore plus centralisée autour des Agences Régionales de Santé, avec un échelon territorial, le service territorial de santé au public. Mais, à l’examen attentif, ce dernier est vidé de toute substance. Il traduit à lui seul l’affadissement des belles idées avancées lors du lancement de la SNS dans le rapport Decouty et dans le rapport Cordier : envolée, la refondation des soins de premiers recours dont il ne subsiste que quelques annonces qui tiennent de l’incantation ; disparu, le « service public » territorial de santé ; simplement ignorés, l’alternative au système libéral en ambulatoire et l’abandon de la rémunération à l’acte. Plus inquiétant : les dispositions concernant l’hôpital sont dans la continuité de la loi HPST et enfoncent le clou de l’hôpital entreprise.
Mais, je suis injuste. Nous noterons la promesse confirmée de la généralisation du tiers payant. Et là, nous applaudissons des deux mains! Mais le projet résistera-t-il aux cris de protestations incompréhensibles et irresponsables de la majorité de syndicats de médecins libéraux, à leur vindicte guidée par une idéologie d’un autre siècle ?
Notons à la lecture du projet un autre changement, un vrai, celui là : les centres de santé n’ont pas été oubliés par ses rédacteurs. C’est le (presque seul) fruit de deux années d’intense travail entre les organisations des centres de santé, le ministère et toutes les institutions. Mais ne boudons pas notre plaisir.
Cependant, comment ne pas être sceptique et dubitatif quand ce projet de Loi est annoncé sans volet économique associé, en totale apesanteur, détaché du Pacte de Responsabilité  qui doit aboutir d’ici 2017 à la réalisation de 50 milliards d’économie sur les dépenses publiques dont 10 milliards pour la seule Assurance Maladie? A moins que ce projet de Loi n’ait pour objectif que ces seules économies
Pourtant, Madame Touraine qui a survécu au deuxième et dernier remaniement en date et qui se trouve ainsi confortée, a fait de la lutte contre les inégalités sociales et territoriales son cheval de bataille. Et elle n’a pas fait mystère de sa volonté de refonder le système de santé autour de trois axes, la prévention, la coordination des soins autour du médecin traitant, et la démocratie sanitaire. Elle a même parlé « de révolution du premier recours ».
Alors, attendons l’évolution du projet et surtout, participons y !

samedi 14 juin 2014

Addictions chez les jeunes, interview du docteur Geneviève Lafaye


Le 14/06/2014, à l'occasion des journées portes ouvertes de l'APHP, Interview du docteur geneviève Lafaye, Psychiatre Addictologue au Centre d’Enseignement, de Recherche et de Traitement des Addictions, Responsable de l’unité Adolescents – Jeunes Adultes / Hôpital Paul Brousse, Villejuif (94)
Par le Dr Claire Meignan, Médecin Généraliste, Tabacologue, Centres de Santé d’Orly (94):
Docteur Lafaye, Vous êtes intervenue à deux reprises en tant qu’addictologue  dans le cadre des formations destinées aux médecins généralistes des centres de santé et organisées par la FNFCEPPCS en Novembre et Mai dernier (DPC Addictions). 
Vous avez ces derniers temps plus particulièrement centré vos recherches dans le champ des Addictions chez les jeunes. Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a motivée ?
Docteur Geneviève Lafaye : L’adolescence est une période de maturation et d’évolution complexe accompagnée d’importants changements physiques et physiologiques. Cette phase de transition entre l’enfance et l’âge adulte est particulièrement propice à de nombreuses expérimentations, dont les consommations de substances psychoactives font partie.
Les récentes études épidémiologiques reflètent non seulement l’importance des consommations de substances psychoactives chez les jeunes mais également certaines pratiques pouvant devenir problématiques telles que les jeux vidéos/Internet et les jeux de hasard et d’argent.
Pour la plupart des jeunes, ces conduites ne signeront pas un phénomène pathologique et diminueront à l’entrée dans la vie adulte. Mais pour certains, les consommations ou comportements problématiques impacteront sévèrement l’avenir socio-professionnel et le développement émotionnel et cognitif. En effet, les conséquences qui en découlent peuvent entraver gravement le parcours de vie de ces jeunes et constituent donc à l’heure actuelle un problème majeur de santé publique.
Une prise en charge précoce des addictions à cette période charnière est un enjeu majeur pour désamorcer les problématiques sous-jacentes et empêcher l'installation de conduites addictives sévères.
Malgré un développement de l’offre de soins, il persiste toujours d’importantes difficultés quant à la prise en charge de ces patients.
Ces jeunes consommateurs sont un public qui accède difficilement aux dispositifs de soins classiques. En effet, pour ces adolescents, les conduites addictives s’accompagnent souvent d’un déni ou d’une faible perception des risques liés à cet usage. Ainsi, les premières consultations sont davantage à l’initiative de l’entourage du jeune, et de ses parents plus particulièrement.
L’offre de soins s’est développée, notamment avec les consultations jeunes consommateurs (CJC) mais il est primordial de pouvoir continuer à former les intervenants de premier recours dans le repérage précoce de ces conduites addictives. Repérer et évaluer précocement ces conduites addictives est primordial, compte-tenu des enjeux propres à la période adolescente et des conséquences sanitaires et sociales pouvant être liées à ces conduites.
Enfin, les missions principales des CJC sont la prévention, le repérage précoce, des interventions brèves ou orientation vers des structures adaptées dans les cas plus sévères. Or, à l’heure actuelle, ce dispositif d’aval pour les jeunes présentant des conduites addictives sévères avec des conséquences sociales, scolaires, familiales, judiciaires… est nettement insuffisant.
Et c’est dans ce cadre que j’ai souhaité développer avec les moyens mis à ma disposition des soins proposés à ces patients plus sévèrement touchés et nécessitant des prises en charge adaptées en milieu hospitalier.

vendredi 13 juin 2014

Assurance Complémentaire Santé d'Entreprise



Complémentaire santé d'entreprise obligatoire :
l'enfer est toujours pavé de bonnes intentions

Elle a été l'argument principal qui a justifié la ratification par la CFDT, la CFTC et la CGC du texte de l'ANI du 11 janvier 2013 d'inspiration patronale instaurant les premiers axes d'une flexicurité à la française. Présentée comme une victoire syndicale et de justice sociale face à la pression patronale, la création d'une assurance complémentaire d'entreprise obligatoire (santé et prévoyance) est en réalité lourde de dangers pour les salariés assurés. Elle ouvre la porte à un renforcement des inégalités de couverture au sein de la population accompagnant une réduction du périmètre de la solidarité. Mais surtout, elle s'inscrit parfaitement dans le dispositif patronal de recherche d'une baisse généralisée du coût du travail et dans l'ambition des politiques d'austérité mises en œuvre par le gouvernement.

Complémentaire santé d'entreprise obligatoire : de quoi parle-t-on ?
Disposition inscrite dans les articles 1 et 2 de l'ANI du 11 janvier 2013 transposés dans l'article 1 de la loi dite de « sécurisation de l'emploi » promulguée le 14 juin 2013, la création d'une complémentaire santé d'entreprise obligatoire à l'horizon 2016 impose le principe d'une couverture sociale professionnelle obligatoire des risques santé des salariés du privé parallèle à la sécurité sociale.
Selon ses défenseurs, il s'agit par ce moyen de faire entrer dans le champs des complémentaires 600 000 salariés aujourd'hui couverts uniquement par la sécurité sociale et d'améliorer ainsi leur niveau de couverture face à une réduction de la prise en charge par la sécurité sociale.
Concrètement, la loi dispose que les branches non couvertes par un accord doivent engager des négociations sur la mise en œuvre d'une couverture maladie complémentaire collective et obligatoire dès le 1er juin 2013, ou à partir du 1er juillet 2014 dans les entreprises disposant d'un délégué syndical, en vue d'obtenir un accord définitif à compter du 1er janvier 2016.
Pour les négociations engagées dès le 1er juin 2013, l'accord de branche peut recommander[1] un ou plusieurs organismes complémentaires qui s'imposeront aux entreprises de la branche. A défaut d'accord de branche avant le 1er juillet 2014, les entreprises non couvertes devront, dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire, négocier un accord d'entreprise mettant en place la couverture complémentaire. Et à défaut d'accord d'entreprise, les entreprises sont tenues avant le 1er janvier 2016, de faire bénéficier leurs salariés d'une complémentaire collective répondant à un panier de soins minimal défini par l'article L. 911-7 du code de la sécurité sociale répondant au cahier des charges des contrats dits responsables et solidaires. A savoir, un panier incluant le remboursement des prestations maladies couvertes par les régimes de base (inclus le forfait journalier hospitalier) et la participation des assurés aux frais en sus des tarifs de responsabilité pour les soins dentaires et d'optique, financé à minima à 50 % par l'employeur, et dont le plafond de prise en charge est défini par décret.
93 % des français étant déjà couvert par une complémentaire, la mise en œuvre de ces mesures suscite débats et interrogations de la part des organismes d'assurance complémentaire, des organisations patronales comme syndicales, dans un secteur déjà travaillé par des mutations profondes et dans un contexte de refondation de la politique de santé française.
C'est pourquoi, avec l'ambition déclarée d'accroître le niveau de solidarité de ces contrats collectifs et de renforcer le poids de la négociation collective, la LFSS 2014 a précisé certains termes de cette procédure.
Ainsi, son article 12ter a défini les modalités de la recommandation par les branches des organismes complémentaires[2]. Ces organismes ne seraient recommandables que dans la mesure où la couverture complémentaire qu'ils proposent présente un « degré élevé de solidarité ». Ce caractère solidaire, précisé par décret, prenant alors la forme de « prestations à caractère non directement contributif », de politiques de prévention et d'action sociale. Afin de rester dans les clous des traités européens et de pousser à la mutualisation des organismes, cette clause de recommandation ferait alors l'objet d'une mise en concurrence préalable au choix définitif par les entreprises de l'organisme.
Dans le même temps, l'article 45 de la LFSS annonce la refonte pour le 1er janvier 2015 du contenu des contrats responsables et solidaires, en introduisant le principe de nouvelles règles de prise en charge des dépassements tarifaires des consultations, du dentaire, de l'optique et de certains dispositifs médicaux, visant l'instauration de plafonds et de planchers dans la prise en charge des remboursements complémentaires. Ce principe devant donner lieu à la publication d'un décret pour sa mise en œuvre concrète, qui n'est toujours pas connu. Dispositions complétées par l'article 15ter qui prévoit une surtaxe des contrats non responsables.
Engagée depuis janvier 2013, cette bataille du gouvernement et de certaines organisations syndicales pour instituer la complémentaire santé obligatoire d'entreprise n'est toujours pas achevée. Le décret définissant les nouveaux contrats responsables, clé de voûte du dispositif, n'est toujours pas sorti ; la première mouture ayant été retoquée ; le combat des lobbys de médecins et des professionnels de l'optique et du dentaire n'y est sans doute pas pour rien. De plus, l'annonce dans le cadre de la loi de finance rectificative pour 2014 d'une fiscalisation des contributions employeurs et de CE aux complémentaires santé et prévoyance au détriment des salariés a rajouté de l'huile sur le feu et dévoilé un peu plus la réalité des intentions gouvernementales sur ce dossier.

jeudi 22 mai 2014

Communiqué de presse - donnons aux centres de santé les moyens de vivre


UNION SYNDICALE DES MÉDECINS DE CENTRES DE SANTÉ


Menaces de mort sur les centres de santé ?

Dans les campagnes comme dans les villes, les déserts médicaux se multiplient et la pénurie de l’offre médicale se fait plus forte pour nos concitoyens qui peinent à accéder aux soins les plus élémentaires à un tarif accessible.

Toutes les études le montrent, les centres de santé apportent une réponse efficace et appréciée de la population. Tandis que les jeunes médecins sont désormais majoritaires à vouloir travailler en équipe salariée.

Et pourtant, les menaces sur les centres de santé municipaux et de service public sont de plus en plus précises :
·      C’est la mairie de Villejuif qui annonce brutalement, au lendemain des municipales, la suppression de 700 000 euros de travaux déjà votés destinés à améliorer l’accueil des patients dans ses Centres de Santé Municipaux,
·      C’est la Mutualité Française qui organise le dépérissement de ses centres de santé comme dans les Bouches du Rhône ou à la MGEN, à travers des expédients de gestion,
·      C’est le gouvernement Vals qui annonce 11 milliards d’économie pour les collectivités territoriales qui gèrent les centres de santé municipaux et 21 pour la protection sociale qui les finance partiellement par l’option de coordination et l’expérimentation des ENMR,
·      C’est la négociation conventionnelle avec la sécurité sociale qui débute sans les représentants des professionnels des centres de santé, avec des orientations indigentes de l’assurance maladie pour le financement de l’exercice regroupé.

Il faut enfin organiser le service public de santé, dans chaque territoire,
·      Avec des centres de santé de service public modernes, outils de coordination médicale et de prévention,
·      Préoccupés des plus vulnérables, et au service de tous,
·      Améliorant les parcours de soins des patients, articulés avec l’hôpital dans une même logique de service public,
·      Rompant avec le paiement à l’acte, ses facilités comptables immédiates, et sa dépendance à long terme à de funestes paradis artificiels,
·      Récompensant les combats contre les gaspillages, mesurant leurs résultats, et les faisant connaître à la communauté scientifique et à la nation,
·      Au sein d’une offre médicale de proximité diversifiée et pluraliste.

Donner enfin aux centres de santé les moyens de vivre, c’est plus que jamais le moment !

Contact : USMCS                                                                          Paris le 22 Mai 2014