jeudi 30 octobre 2014

54ème Congrès national des Centres de Santé. Un succès oui mais...


Ce congrès 2014, malgré de nombreuses difficultés conjoncturelles, a été un succès d’audience, de fréquentation, marqué par la richesse et la diversité des thèmes abordés ainsi que par le haut niveau de qualité des nombreuses interventions. Si la Ministre de la Santé était présente l’an passé pour marquer son intérêt pour les démarches portées par les Centres de Santé, elle s’était fait représenter, pour son discours d’ouverture du congrès, par le Directeur Général de la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) et, par ailleurs, c’est la Secrétaire d’Etat à la Politique de la Ville qui faisait, le 2ème jour, une allocution au nom de son Ministère. D’autre part, de plus en plus nombreux sont les responsables nationaux et régionaux qui tiennent à suivre nos travaux : que ce soient les directeurs d’ARS et de CPAM, les présidents d’ordres, les responsables de la CNAM, les représentants de l’HAS, de plus en plus d’élus locaux...


Le thème central de cette année a été largement débattu lors de la table ronde d’ouverture : La Révolution des pratiques, l’expertise des Centres de santé, Pourquoi et comment. Mais ce thème général a pu être décliné dans de nombreux débats qui se sont déroulés simultanément dans les deux amphis et les trois salles mis à disposition pour ce congrès dans les locaux de l’ASIEM. C’est ainsi qu’ont été abordés selon les heures et au fil de ces deux jours de nombreux sujets illustrant ou déclinant cette thématique centrale. Dans le désordre, citons : les pratiques de gestion, de bonnes prescriptions pour de bonnes pratiques en kinésithérapie, la recherche en soins primaires, les expériences innovantes pour l’amélioration des accueils, la réalité des pratiques d’équipe, l’accès aux soins des plus démunis, l’impact des modes de rémunération des professionnels sur les bonnes pratiques et aussi la présentation de dix expériences sur la recherche, l’innovation ou des pratiques coopératives portées par les centres de santé que nous ne détaillerons pas ici bien qu’elles soient toutes plus pertinentes les unes que les autres.

D’autres sujets ont été développés en dehors de ce thème central. C’est le cas de la réflexion sur la place de la santé et des centres de santé dans la Politique de la Ville, mais aussi des différents thèmes présentés tout au long de l’après midi des Centres de Planification et d’Éducation Familiale.

La diversité a  marqué  ce congrès tout au long de ces deux journées de début octobre. Ainsi : la présence de la délégation japonaise de l’association Min Iren et la présentation de leurs expériences et des valeurs très proches des nôtres auxquelles ils sont attachés ; la remise du prix J-F Rey à nos amis de l’AGECSA de Grenoble ; la présentation du livre de Paul Cesbron sur la démocratie sanitaire ; la tenue par l’HAS d’un exposé sur les centres de ressources en soins primaires et le référentiel d’analyse et de progression ; la projection d’un film pour les 40ans de l’AGECSA intitulé « De la médecine à la santé » ; mais aussi l’Inter-centre infirmier ; l’assemblée intersyndicale ;…



Ce congrès fut donc un succès dont nous vous remercions pour vos contributions, vos participations, vos inscriptions, votre présence…

2-MAIS…

Car, hélas il y a plusieurs mais.

Mais, il est essentiel que les succès de fréquentation et d’inscriptions  au congrès des centres de santé se perpétuent pour l’avenir. Ce congrès est l’évènement national qui, chaque année, servant de vitrine à l’ensemble des centres de santé, relayant les expériences, les novations, les besoins, espoirs et revendications de ceux qui les promeuvent, de ceux qui y exercent leur activité professionnelle et de ceux qui en sont les destinataires (la population : que ce soit sur le plan social, soins ou prévention), interpelle les pouvoirs publics sur leurs responsabilités, leurs promesses et leur devoir. Cet évènement doit toujours être un succès si nous voulons, ensembles, être pris en compte par les décideurs.

 Mais, nous ne pouvons que regretter l’absence de nombreux professionnels ou promoteurs de centres de santé de province (souvent associatifs) qui, malgré leurs efforts, leurs combats et du fait de leur difficultés financières croissantes ne peuvent plus consacrer temps et argent à ce déplacement et nous ne pouvons pas le leur reprocher ;

Mais, il nous faut aussi constater l’absence de plusieurs professionnels soignants ou non, et usagers  de centres ayant été fermés ou dénaturés par leurs gestionnaires (40 médecins généralistes licenciés par la Mutualité dans les BdR) ou bien de ceux exerçant dans des centres menacés de fermeture à brève échéance comme la CASE SANTE de Toulouse

Mais, nous voyons aussi que les municipalités dans l’ensemble du pays, qu’elles gèrent ou non des centres de santé, sont de plus en plus en proie à des difficultés budgétaires du fait des transferts de charge croissants que leur impose l’État. Alors, nous regrettons que certaines villes diminuent de manière trop importante le budget alloué aux inscriptions à notre congrès réduisant le nombre de ceux qui peuvent y participer de manière parfois considérable et peut-être inacceptable : cela en considérant l’engagement que devrait représenter pour les élus la défense et la promotion des centres de santé, et l’outil d’ échanges, de mobilisation et d’accès aux médias que représente  leur congrès. Et je ne parle pas là de quelques villes qui ont changé récemment des couleurs et ne se sont pas encore positionnées…

Mais, plus que jamais il faut que notre congrès demeure un succès. Au moment où les inégalités sociales de santé vont croissantes, où les promesses continuent de se multiplier et d’être oubliées aussitôt, où les coupes budgétaires drastiques organisent l’austérité, où les centres réclament, toujours et jusque là sans succès, que leurs missions soient financées, que leur accès social et la pratique du tiers payant soient considérés, que la coordination des soins des patients qu’ils assurent soient financée, que les préconisations issues du rapport l’IGAS commandité par la Ministre de la Santé ne soient pas reléguées aux oubliettes,…à ce moment et pour encore longtemps il faut que nos représentations soient fortes, déterminées, soutenues et démonstratives.

 C’est pourquoi, pour l’avenir, il faut que nous assurions ensembles le succès du 55e congrès national des centres de santé en 2015. D’avance, merci à tous pour vos contributions et engagements pour ce succès dans l’intérêt de nos centres de santé... au service de l’accès aux soins, de l’accessibilité sociale et de la prévention pour les populations.





Alain Brémaud