Ce congrès 2014, malgré de nombreuses difficultés conjoncturelles, a été un succès d’audience, de fréquentation, marqué par la richesse et la diversité des thèmes abordés ainsi que par le haut niveau de qualité des nombreuses interventions. Si la Ministre de la Santé était présente l’an passé pour marquer son intérêt pour les démarches portées par les Centres de Santé, elle s’était fait représenter, pour son discours d’ouverture du congrès, par le Directeur Général de la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) et, par ailleurs, c’est la Secrétaire d’Etat à la Politique de la Ville qui faisait, le 2ème jour, une allocution au nom de son Ministère. D’autre part, de plus en plus nombreux sont les responsables nationaux et régionaux qui tiennent à suivre nos travaux : que ce soient les directeurs d’ARS et de CPAM, les présidents d’ordres, les responsables de la CNAM, les représentants de l’HAS, de plus en plus d’élus locaux...
Le thème central
de cette année a été largement débattu lors de la table ronde d’ouverture :
La Révolution des pratiques, l’expertise des Centres de santé, Pourquoi et
comment. Mais ce thème général a pu être décliné dans de nombreux débats qui se
sont déroulés simultanément dans les deux amphis et les trois salles mis à
disposition pour ce congrès dans les locaux de l’ASIEM. C’est ainsi qu’ont été
abordés selon les heures et au fil de ces deux jours de nombreux sujets
illustrant ou déclinant cette thématique centrale. Dans le désordre,
citons : les pratiques de gestion, de bonnes prescriptions pour de bonnes
pratiques en kinésithérapie, la recherche en soins primaires, les expériences
innovantes pour l’amélioration des accueils, la réalité des pratiques d’équipe,
l’accès aux soins des plus démunis, l’impact des modes de rémunération des
professionnels sur les bonnes pratiques et aussi la présentation de dix
expériences sur la recherche, l’innovation ou des pratiques coopératives
portées par les centres de santé que nous ne détaillerons pas ici bien qu’elles
soient toutes plus pertinentes les unes que les autres.
D’autres sujets
ont été développés en dehors de ce thème central. C’est le cas de la réflexion
sur la place de la santé et des centres de santé dans la Politique de la Ville,
mais aussi des différents thèmes présentés tout au long de l’après midi des Centres de Planification et d’Éducation Familiale.
La diversité
a marqué ce congrès tout au long de ces deux
journées de début octobre. Ainsi : la présence de la délégation japonaise
de l’association Min Iren et la présentation de leurs expériences et des
valeurs très proches des nôtres auxquelles ils sont attachés ; la remise
du prix J-F Rey à nos amis de l’AGECSA de Grenoble ; la présentation du
livre de Paul Cesbron sur la démocratie sanitaire ; la tenue par l’HAS
d’un exposé sur les centres de ressources en soins primaires et le référentiel
d’analyse et de progression ; la projection d’un film pour les 40ans de
l’AGECSA intitulé « De la médecine à la santé » ; mais aussi
l’Inter-centre infirmier ; l’assemblée intersyndicale ;…
Ce congrès fut
donc un succès dont nous vous remercions pour vos contributions, vos
participations, vos inscriptions, votre présence…
2-MAIS…
Car, hélas il y a
plusieurs mais.
Mais, il est
essentiel que les succès de fréquentation et d’inscriptions au congrès des centres de santé se
perpétuent pour l’avenir. Ce congrès est l’évènement national qui, chaque
année, servant de vitrine à l’ensemble des centres de santé, relayant les
expériences, les novations, les besoins, espoirs et revendications de ceux qui
les promeuvent, de ceux qui y exercent leur activité professionnelle et de ceux
qui en sont les destinataires (la population : que ce soit sur le plan
social, soins ou prévention), interpelle les pouvoirs publics sur leurs
responsabilités, leurs promesses et leur devoir. Cet évènement doit toujours
être un succès si nous voulons, ensembles, être pris en compte par les
décideurs.
Mais, nous ne pouvons que regretter
l’absence de nombreux professionnels ou promoteurs de centres de santé de
province (souvent associatifs) qui, malgré leurs efforts, leurs combats et du
fait de leur difficultés financières croissantes ne peuvent plus consacrer
temps et argent à ce déplacement et nous ne pouvons pas le leur reprocher ;
Mais, il nous
faut aussi constater l’absence de plusieurs professionnels soignants ou non, et
usagers de centres ayant été
fermés ou dénaturés par leurs gestionnaires (40 médecins généralistes licenciés
par la Mutualité dans les BdR) ou bien de ceux exerçant dans des centres menacés
de fermeture à brève échéance comme la CASE SANTE de Toulouse
Mais, nous voyons
aussi que les municipalités dans l’ensemble du pays, qu’elles gèrent ou non des
centres de santé, sont de plus en plus en proie à des difficultés budgétaires
du fait des transferts de charge croissants que leur impose l’État. Alors, nous
regrettons que certaines villes diminuent de manière trop importante le budget
alloué aux inscriptions à notre congrès réduisant le nombre de ceux qui peuvent
y participer de manière parfois considérable et peut-être inacceptable :
cela en considérant l’engagement que devrait représenter pour les élus la
défense et la promotion des centres de santé, et l’outil d’ échanges, de mobilisation
et d’accès aux médias que représente leur congrès. Et je ne parle pas là de quelques villes qui
ont changé récemment des couleurs et ne se sont pas encore positionnées…
Mais, plus que
jamais il faut que notre congrès demeure un succès. Au moment où les inégalités
sociales de santé vont croissantes, où les promesses continuent de se
multiplier et d’être oubliées aussitôt, où les coupes budgétaires drastiques
organisent l’austérité, où les centres réclament, toujours et jusque là sans
succès, que leurs missions soient financées, que leur accès social et la
pratique du tiers payant soient considérés, que la coordination des soins
des patients qu’ils assurent soient financée, que les préconisations
issues du rapport l’IGAS commandité par la Ministre de la Santé ne soient pas
reléguées aux oubliettes,…à ce moment et pour encore longtemps il faut que nos
représentations soient fortes, déterminées, soutenues et démonstratives.
C’est pourquoi, pour l’avenir, il faut
que nous assurions ensembles le succès du 55e congrès national des
centres de santé en 2015. D’avance, merci à tous pour vos contributions et
engagements pour ce succès dans l’intérêt de nos centres de santé... au service de
l’accès aux soins, de l’accessibilité sociale et de la prévention pour les populations.
Alain Brémaud