jeudi 23 avril 2015

Financer les centres de santé


Philippe Bouyssou, nouveau maire d’Ivry sur Seine, rappelle l’engagement des villes communistes dans la promotion des centres de santé et invite les élu-e-s à exiger, dans le cadre de la négociation de l’Accord National, un financement à la hauteur de leurs missions.

Dès le mois de juillet dernier, alerté par le SNCDCS et l’USMCS signataires avec la Fédération Nationale des Centres de Santé du Pacte d’Avenir pour les Centres de Santé, Pierre Gosnat, Maire d’Ivry, a réagi auprès du Directeur général de l’UNCAM, pour que les négociations ouvertes depuis le 22 mai, soient à la hauteur des 20 recommandations formulées par les rapporteurs IGAS en juillet 2013, sur l’avenir des centres de santé.
A Ivry, le centre de santé, n’est pas seulement une structure dispensatrice de soins, c’est un véritable projet de ville santé, un service public associant soins, prévention et action sociale pour répondre aux besoins d’un territoire de santé. C’est au Centre de santé d’Ivry que le Steribox© a été créé, c’est encore de notre centre de santé qu’est parti hier le programme de prévention bucco-dentaire du Val-de-Marne et aujourd’hui la première PASS dentaire ambulatoire.

Les centres de santé municipaux représentent l’alternative pérenne à la désertification médicale, répondant par là même aux aspirations des populations et des praticiens souhaitant un exercice salarié, coordonné et partagé. Encore faut-il que les communes étranglées par la réduction des dotations de l’Etat, et notamment celles du Pacte de Responsabilité, puissent compter sur d’autres financements que celui de la tarification à l’activité.

C’est pourquoi, les élu-e-s de la ville, et son Maire, avaient décidé, dès l’été, de dire au Directeur de l’UNCAM, qu’ils suivraient au quotidien avec beaucoup d’attention les négociations en cours, car il y a urgence à ce que des mesures soient prises pour que les financements promis par Mme Marisol Touraine, lors du Congrès National des Centres de santé en septembre 2013, trouvent le chemin des centres de santé. 


Alors que ces négociations se menaient de bonnes manières, les organisations syndicales libérales, rejetaient l’Accord Conventionnel Interprofessionnel (ACI), suscitant un blocage sur des négociations qui devaient aboutir à de nouveaux modes de financement de la pratique médicale, à côté de la rémunération à l’acte qui a montré ses limites comme nous l’avons expérimenté depuis des décennies dans les centres de santé.
En bloquant le système conventionnel ils n’ont fait que démontrer son usure et leur incapacité à organiser le système de santé ambulatoire de demain.
Mais le plus grave dans ce processus, c’est que l’UNCAM s’est saisi de ce blocage pour suspendre la négociation avec les centres de santé, qui sont donc victimes de bras de fer entre l’Assurance maladie et les Libéraux, notamment les spécialistes.
La négociation sur l’Accord National des Centres de Santé, qui est en soit un accord conventionnel inter professionnel, dont la négociation se déroulait en parallèle depuis 6 mois, s’est retrouvé bloquée dans le même mouvement, démontrant s’il en était encore besoin que les centres de santé ne sont traités que de façon résiduelle au système libéral. Nous étions en phase de conclusion, comme en témoignait la signature d’un point d’étape qui actait les éléments validés par les parties.
Ce document de six pages, signé à la mi-novembre, approuvait le financement d'un "socle commun" concernant l'Accessibilité et l'Organisation des Centres (présenté sous l'acronyme AOC). Dans ce cadre, le futur accord devait prendre en compte des "pratiques coordonnées" déclinées par métier ("médical, infirmier et dentaire") "se traduisant par des outils et moyens dédiés" autour de trois axes": l'accessibilité et la continuité des soins, le travail en équipe, la coordination interne et externe, et le développement d'un système d'information et de gestion efficace.
Les partenaires s'étaient engager à "valoriser" ce socle. Il s'agirait notamment "de définir les critères permettant de répondre à l'attente des patients et tout particulièrement des publics précaires, en matière d'accueil, de disponibilité et d'orientation dans la chaîne des soins".
Par ailleurs, cet accord d’étape prévoyait, en toute justice, la transposition des dispositions conventionnelles des médecins et dentistes libéraux dans l'accord des centres de santé.  
La mise en place d'une rémunération complémentaire au paiement à l'acte, en fonction de l'atteinte d'objectifs de santé publique et d'efficience concernerait "en priorité l'activité du médecin traitant dans la prise en charge globale du patient".
Enfin, concernant "l'amélioration de l'offre et de l'accès aux soins", les signataires s'engageaient à favoriser l'installation et le maintien des centres dans les zones déficitaires en offre de soins. Ils devraient déterminer "une option démographique spécifique" et mettre en place "trois contrats incitatifs" destinés aux centres de santé polyvalents, infirmiers et dentaires, respectivement. Les structures qui y adhéreraient bénéficieraient d'avantages "en contrepartie du respect d'engagements similaires à ceux existant pour les libéraux".
Ils entendent garantir la participation des centres de santé aux permanences des soins ambulatoire et dentaire, "dans les mêmes conditions et selon les mêmes modalités" que pour les praticiens libéraux.
J’ai aujourd’hui pris, comme Maire de la ville, la suite de Pierre Gosnat, et comme lui je partage, les exigences formulées par les signataires du PACS. J’en appelle aux élu-e-s locaux et aux Parlementaires pour les soutenir auprès du nouveau Directeur général de l’UNCAM et de la CNAMTS, ainsi qu’auprès de Mme la Ministre de la Santé.
 C’est d’autant plus nécessaire, que la situation :
·      du Mouvement mutualiste depuis le nouveau code de la Mutualité a largement réduit l’aide à leurs œuvres sociales, dont font parties les centres de santé, et les mettent en dangers comme on a pu le voir dans les Bouches du Rhône
·      des Collectivités locales est de plus en plus fragilisées avec la baisse des dotations de l’Etat, menaçant l’avenir des centres de santé, comme en abuse la Maire de Colombes qui a décidé de fermer le sien fin décembre de cette année, ou d’autres villes de droite comme Villejuif qui restreignent tellement les moyens matériels et humains qu’ils mettent en danger la qualité des soins et les personnels.
·      Des Associations tenues à présenter des budgets en équilibre, de plus en plus impossible à tenir, les exposent à la cessation de paiement et au dépôt de bilan.
Comme Maire d’une des villes communistes qui ont été à l’initiative historiquement des centres de santé, et qui sont encore les meilleurs promoteurs, j’exige de réels moyens pour éviter des situations dramatiques à ces centres et aux usagers qui les fréquentent.
Philippe Bouyssou
Maire d’Ivry/Seine