D’abord, et en tout
premier lieu et sans ironie aucune, merci… Merci à tous ces présidents de fédérations
qui ont réussi à se mettre d’accord avec l’Assurance Maladie afin de faire évoluer
les financements des centres de santé et merci plus particulièrement à Richard
LOPEZ puisqu’il préside la Fédération Nationale des Centres de Santé.
Que
l’Assurance Maladie nous considère comme de « vrais médecins » et qu’elle nous octroie les avantages
des confrères libéraux (ALD, objectifs de santé publique … malgré tout ce que l’on
peut en penser…) me semble enfin une juste reconnaissance. Qu’elle aide et
finance nos structures de soins et notre pluri professionnalité (avantage
financier si l’on a des spécialistes de second recours ou des paramédicaux) avec
une attention particulière, puisqu’avec des actions spécifiques, sur les
infirmiers et les dentistes cela me semble aller dans le bon sens. Que l’on
nous encourage à mettre en place une auto évaluation peut être aussi positif.
Mais,
parce qu’il y a toujours des mais…
Que de réunions à mettre
en place ! Quelle réorganisation à faire ! Et que de comptes d’apothicaire !
Car enfin même pour les critères socles, pourrons-nous en une
réunion par mois atteindre 3% d’analyse de dossiers de patients dont le centre est médecin traitant ;
ces réunions dont nous devrons conserver la trace dans le dossier médical ?
Pourrons-nous créer et/ou adapter les protocoles pluri professionnels à la manière
de travailler de nos centres ? Combien de réunions cela va-t-il demander,
sans doute plutôt une par semaine et nous serons obligés de les faire pendant
des temps de consultations.
Devons nous bouleverser
nos horaires de fonctionnement pour gagner 60 points (420€ par an) pour coller à
la Permanence des Soins, ce qui veut dire augmenter la présence des
Professionnels de Santé mais aussi du personnel administratif !
Ajoutons à cela, pour
toucher beaucoup de points et donc de sous, les volets de synthèse clinique et
le bilan annuel de chacun de nos patients et nous serons submergés par la masse
de travail sur dossier.
Et
c’est là où je veux en venir… que devient le patient dans tout ça…
Passerons-nous plus de
temps avec lui en entretien pour comprendre ses problèmes ou sur son dossier ?
Passerons-nous plus de temps à rechercher ce qui va rapporter de l’argent au
centre ou sur les réels problèmes de santé publique de notre environnement ?
L’argent est devenu le moteur de notre métier et conduit notre voiture alors qu’il
devrait être sur le siège arrière à nous accompagner.
Je garde l’espoir qu’un
jour on reconnaisse qu’en matière de santé nous faisons fausse route, que l’on
soit pauvre ou riche nous devons être soigné gratuitement et le médecin ne doit
pas avoir de relation financière avec son patient.
Il n’y aurait alors plus
de nécessité de surveiller notre travail, ce qui est patent dans l’accord
national vu le nombre de documents que l’ARS ou l’Assurance Maladie sont en
droit de nous demander.
Utopie que tout cela me
direz-vous ! Mais il est bon de garder et de raviver de temps en temps les
vrais objectifs que l’on doit se donner.
Denis SOLETCHNIK
Médecin-chef des CMS de
CHAMPIGNY