mercredi 25 février 2015

Deux ans après les licenciements dans les centres de santé mutualistes des bouches du Rhône


BULLETIN DE SANTE.......
Voilà deux années pleines que le licenciement de 41 médecins généralistes exerçant dans les Centres de Santé mutualistes des Bouches du Rhône, par le Grand Conseil de la Mutualité est intervenu.
Voici quelques informations sur leur activité.
Le contexte général est celui de la coexistence des CS dont l'activité en MG n'a jamais pu retrouver, ce qui était prévisible, le niveau connu avant 2012 : recrutement difficile en raison des contrats proposés à l'activité et du climat d'entreprise.
Par ailleurs l'interventionnisme du GCM ne se dément pas dès que pointe un projet de CS susceptible de contrarier une offre dans ses CS, qui pourtant ne correspond ni aux besoins, ni aux prévisions.
1- Pour répondre à la demande urgente des populations privées brutalement en 2012, de leurs médecins traitants, et devant la réactivité mesurée des tutelles et des élus, trois équipes se sont reconstituées à Berre, Gardanne, Port Saint Louis et Martigues, concernant 12 médecins, sur le mode libéral. Au programme : dossier commun informatisé, tiers payant sécurité sociale, médecine d'équipe et continuité des soins. La professionnalité élaborée au sein des centres de santé mutualistes depuis 50 ans, trouve ainsi un prolongement, sans intégrer cependant le niveau de collaboration nécessaire avec le mouvement social.
Ces initiatives ont le mérite d'avoir répondu très rapidement aux besoins de la population, dans les 3 à 6 mois qui ont suivi les licenciements.
2- Le Docteur René Meyer a initié une voie originale, tenant compte des particularités politiques et sanitaires de Miramas, en constituant une Maison de santé pluridisciplinaire (labo, infirmiers). Elle fonctionne avec le partenariat des « Amis de la Médecine Sociale de Miramas », une association d'anciens usagers du CS de Miramas, et accueille d'ores et déjà un atelier thérapeutique et une microstructure pour aider les patients en situation d'addiction, avec le concours de travailleurs sociaux.
3- Le projet de Centre de Santé des Quartiers Nord de Marseille est porté par 4 médecins «issus» du GCM : les Dr Françoise Eynaud, Mylène Chemla, Lisa Wagneur et Annie Guillard. Il s'agît d'un projet innovant, élaboré avec « Les amis de la Médecine sociale de Marseille », association d'usagers. Le portage gestionnaire est assuré par l'Hôpital Psychiatrique Edouard Toulouse. Les concours financiers sont assurés par l'ARS, le Conseil Général et le Conseil Régional. La construction est imminente et l'ouverture pourrait intervenir dès 2015. Il s'agît d'une réponse différée au Big Bang de Décembre 2012, mais qui répond grâce à la détermination des médecins qui ont porté le projet, aux critères sanitaires, professionnels et sociaux, que l'on peut attendre d'un CS moderne, du moins sur le papier.
4- Ce n'est malheureusement plus le cas du projet de Port de Bouc, dont la conception, sous l'influence de l'ARS et du GCM (partie prenante extravagante de ce projet, dans le seul but d'en limiter la portée) évolue vers un centre de consultation hospitalière dont le GCM, au mépris des besoins locaux impose de limiter à deux le nombre de médecins généralistes. A ce jour les médecins porteurs de ce projet, issus du GCM, en sont sortis, ne voulant pas cautionner une structure sanitaire hybride, au rabais dans ses objectifs sanitaires et sociaux. Voici comment en projet prétendant satisfaire les besoins d'une population fragilisée dans un territoire désertifié du point de vue médical, engendre un projet au rabais qui met la « médecine à deux vitesses en musique ».
5- Enfin pour compléter ce tour d'horizon, notons les évènements de Manosque, où le CS de la CCAS, dont la délégation de gestion était assumée par … la Mutualité.


La direction vient de licencier 10 médecins, « après 2 années de négociation » pendant lesquelles la Direction leur proposait un contrat à l'acte.... la CGT par sa position dominante à la CCAS et la Mutualité sont dans leurs œuvres.... On ne change pas une équipe qui perd.... histoire connue.

Au total, on peut tirer un bilan satisfaisant, du point de vue des médecins licenciés : réponse aux besoins de la population ici, projets innovant là, et arguments pour souligner l'esprit d'entreprise, souvent l'imagination, des médecins licenciés. Difficulté aussi pour entraîner des partenaires sociaux, ou politiques, plus souvent motivés par la préservation des institutions (mutualistes, syndicales ou politiques) que par l'intérêt des populations.

Gérard Israël.