vendredi 30 juin 2017

Soins dentaires, quand la nouvelle convention aurait pu tout changer...


L’année 2016 avait fait naitre au sein du monde dentaire les espoirs d’une nouvelle convention dans laquelle  les soins conservateurs seraient  rémunérés à leur juste valeur et les actes de prévention enfin pris en compte. Il faut rappeler que les chirurgiens des centres de santé ne participent pas aux négociations conventionnelles, seul le microcosme libéral y est convié. La nouvelle convention s’appliquera par défaut  aux chirurgiens- dentistes des centres de santé. Leurs gestionnaires il y a  trois ans ont signé un accord national qui déjà semblait faire naitre la volonté d’une revalorisation des soins en contre- partie d’un effort sur le montant des dépassements d’honoraires prothétiques via l’adhésion optionnelle au contrat d’accès aux soins dentaires.
Les espoirs étaient permis, ils se sont  envolés.
La négociation n’ayant pu aboutir, les chirurgiens-dentistes libéraux se sont vus imposer un règlement arbitral ou la prise en compte des actes de prévention est quasiment absente mais où l’idée d’une revalorisation des soins en contre -partie d’un  encadrement  du dépassement des honoraires de prothèse apparait pour la première fois dans le monde de la chirurgie dentaire libérale. Malheureusement la revalorisation des soins conservateurs reste insuffisante, ne couvrant pas les charges engendrées  la mise en œuvre d’un plateau technique de qualité.
Les chirurgiens -dentistes des centres de santé nourrissaient d’autres espoirs : était en discussion au ministère, au sein d’un groupe de concertation la rédaction d’une ordonnances sur la définition des centres de santé, leur ouverture, ainsi que la permanence des soins ambulatoires. Le ministère avait interrompu cette concertation  au prétexte d’attendre les résultats du rapport IGAS, les résultats des négociations conventionnelles. Ces entrevues ont repris récemment à  la demande pressante de la FNCS, des représentants des mutuelles, de l’USMCS, et du SNCDCS ; L’ordonnance proposée rédigée derechef par le ministère réintroduit un agrément ARS  préalable à l’ouverture d’un centre de santé. La première réaction des professionnels a été de refuser cet agrément ou seul l’ARS était juge. Aucun critère en positif n’était proposé ni voie de recours, c’était voie ouverte aux  décisions arbitraires.
Les gestionnaires et les médecins auraient tendance à rejeter l’agrément pressentant DENTEXIA comme un épiphénomène. Les chirurgiens –dentistes interpellés par le nombre croissant de centres dentaires qui  ouvrent régulièrement, préfèrent  un agrément sous conditions avec critères, délivré par une commission pluri professionnelle, visite de conformité (0,1,3 ans) et voies de recours.
 Demain l’exercice de la médecine ne sera plus isolé. Les professionnels s’orienteront vers des exercices regroupés, ils  vont concerter et coordonner leurs pratiques ; Les libéraux tentent de le faire avec plus ou moins de succès dans les MSP. Les centres de santé  polyvalents les plus anciens souvent territoriaux ou mutualistes sont très aguerris à ce type de pratiques, qu’ils ont développées depuis longtemps. Ces exercices coordonnés s’adressent parfaitement aux publics fragiles qui sont les nôtres.
Les structures de soins seront des centres polyvalents, les  NMR (nouveaux modes de rémunération) vont  aider en ce sens, l’ETP (programme d’éducation thérapeutique) également. Le socle princeps de l’accord national, intègre ces nouvelles données. La chirurgie dentaire est encore à l’aube  de ce qui pourrait être fait en ce sens : l’éducation thérapeutique par exemple
L’accès aux soins primaires est un enjeu réel du bien-être de nos concitoyens au quotidien et de la réduction des inégalités. Est née il y a quatre mois une jeune « Fédérations des Soins Primaires »
L’accès aux soins primaires marque l’esprit du temps : accès aux soins, organisations du système de santé et financement de l’assurance maladie. On voit poindre l’idée de communauté professionnelle territoriale de santé, regroupant divers professionnels, de mode d’exercice  varié libéral, salarié, ou hospitalier, mais fédérant les énergies locales organisées en réseaux souvent au départ par nécessité. L’avenir est ouvert à chacun pour réfléchir aux organisations de soins du futur
Les professionnels qui connaissent le mieux le terrain doivent s’en emparer et ne pas laisser le politique ou certains «  lobbyistes » imposer leur seule vision de l’organisation des soins sur le territoire.
La chirurgie dentaire et ses représentants doivent y être présents et « pensants ». Après les évènements engendrés par la débâcle DENTEXIA en 2015, l’image des centres et celle des praticiens y travaillant  a beaucoup souffert. Ceci à tort pour la majorité d’entre eux. Cette reconnaissance ne passera que par un exercice réfléchi non mercantile. Et il eut été judicieux à cet effet que la revalorisation  conventionnelle récente des actes de soins conservateurs soit majorée, que les assistantes dentaires de nos centres de santé qui vont maintenant intégrer le code de la Santé, soient reconnues en pratique d’équipe au sein de l’accord national.
Voilà pourquoi malgré nos espoirs déçus, nous continuerons à être vigilants et engagés ainsi qu’à porter les valeurs qui sont les nôtres au sein d’un système de santé en évolution.
Martine DAME