L’année 2016 avait fait naitre au
sein du monde dentaire les espoirs d’une nouvelle convention dans laquelle les soins conservateurs seraient rémunérés à leur juste valeur et les
actes de prévention enfin pris en compte. Il faut rappeler que les chirurgiens
des centres de santé ne participent pas aux négociations conventionnelles, seul
le microcosme libéral y est convié. La nouvelle convention s’appliquera par
défaut aux chirurgiens- dentistes
des centres de santé. Leurs gestionnaires il y a trois ans ont signé un accord national qui déjà semblait faire
naitre la volonté d’une revalorisation des soins en contre- partie d’un effort
sur le montant des dépassements d’honoraires prothétiques via l’adhésion
optionnelle au contrat d’accès aux soins dentaires.
Les espoirs étaient permis, ils
se sont envolés.
La négociation
n’ayant pu aboutir, les chirurgiens-dentistes libéraux se sont vus imposer un
règlement arbitral ou la prise en compte des actes de prévention est quasiment absente
mais où l’idée d’une revalorisation des soins en contre -partie d’un encadrement du dépassement des honoraires de prothèse apparait pour la
première fois dans le monde de la chirurgie dentaire libérale. Malheureusement la
revalorisation des soins conservateurs reste insuffisante, ne couvrant pas les
charges engendrées la mise en
œuvre d’un plateau technique de qualité.
Les chirurgiens -dentistes des
centres de santé nourrissaient d’autres espoirs : était en discussion au
ministère, au sein d’un groupe de concertation la rédaction d’une ordonnances
sur la définition des centres de santé, leur ouverture, ainsi que la permanence
des soins ambulatoires. Le ministère avait interrompu cette concertation au prétexte d’attendre les résultats du
rapport IGAS, les résultats des négociations conventionnelles. Ces entrevues
ont repris récemment à la demande
pressante de la FNCS, des représentants des mutuelles, de l’USMCS, et du
SNCDCS ; L’ordonnance proposée rédigée derechef par le ministère
réintroduit un agrément ARS préalable à l’ouverture d’un centre de santé. La première
réaction des professionnels a été de refuser cet agrément ou seul l’ARS était
juge. Aucun critère en positif n’était proposé ni voie de recours, c’était voie
ouverte aux décisions arbitraires.
Les gestionnaires et les médecins
auraient tendance à rejeter l’agrément pressentant DENTEXIA comme un
épiphénomène. Les chirurgiens –dentistes interpellés par le nombre croissant de
centres dentaires qui ouvrent
régulièrement, préfèrent un
agrément sous conditions avec critères, délivré par une commission pluri
professionnelle, visite de conformité (0,1,3 ans) et voies de recours.
Demain l’exercice de la médecine ne sera plus isolé. Les
professionnels s’orienteront vers des exercices regroupés, ils vont concerter et coordonner leurs
pratiques ; Les libéraux tentent de le faire avec plus ou moins de succès
dans les MSP. Les centres de santé polyvalents les plus anciens souvent territoriaux ou
mutualistes sont très aguerris à ce type de pratiques, qu’ils ont développées
depuis longtemps. Ces exercices coordonnés s’adressent parfaitement aux publics
fragiles qui sont les nôtres.
Les structures de soins seront
des centres polyvalents, les NMR
(nouveaux modes de rémunération) vont
aider en ce sens, l’ETP (programme d’éducation thérapeutique) également.
Le socle princeps de l’accord national, intègre ces nouvelles données. La
chirurgie dentaire est encore à l’aube de ce qui pourrait être fait en ce sens : l’éducation
thérapeutique par exemple
L’accès aux soins primaires est
un enjeu réel du bien-être de nos concitoyens au quotidien et de la réduction
des inégalités. Est née il y a quatre mois une jeune « Fédérations des Soins
Primaires »
L’accès aux soins primaires
marque l’esprit du temps : accès aux soins, organisations du système de
santé et financement de l’assurance maladie. On voit poindre l’idée de
communauté professionnelle territoriale de santé, regroupant divers
professionnels, de mode d’exercice varié libéral, salarié, ou hospitalier, mais fédérant les
énergies locales organisées en réseaux souvent au départ par nécessité.
L’avenir est ouvert à chacun pour réfléchir aux organisations de soins du futur
Les professionnels qui
connaissent le mieux le terrain doivent s’en emparer et ne pas laisser le
politique ou certains « lobbyistes » imposer leur seule vision de
l’organisation des soins sur le territoire.
La chirurgie dentaire et ses
représentants doivent y être présents et « pensants ». Après les
évènements engendrés par la débâcle DENTEXIA en 2015, l’image des centres et
celle des praticiens y travaillant
a beaucoup souffert. Ceci à tort pour la majorité d’entre eux. Cette
reconnaissance ne passera que par un exercice réfléchi non mercantile. Et il
eut été judicieux à cet effet que la revalorisation conventionnelle récente des actes de soins conservateurs soit
majorée, que les assistantes dentaires de nos centres de santé qui vont
maintenant intégrer le code de la Santé, soient reconnues en pratique d’équipe
au sein de l’accord national.
Voilà pourquoi malgré nos espoirs
déçus, nous continuerons à être vigilants et engagés ainsi qu’à porter les
valeurs qui sont les nôtres au sein d’un système de santé en évolution.
Martine DAME