Pauvre
France, ou l'on continue de faire des "bonnes" affaires et des
"bons" coups sur le dos du plus grand nombre. Dans le domaine de la
santé, comme dans d'autres, ces
mauvaises actions se développent et se multiplient et cela toujours avec le
faux alibi de rendre service à la population alors qu'il s'agit de faire fructifier des intérêts
particuliers ou de favoriser des politiques nocives pour les citoyens de notre
pays. Prenons trois exemples aussi variés que néfastes.
La mise en place de la Complémentaire Santé Obligatoire
C'est
l'exemple type d'une mesure affublée d'un déguisement la faisant passer pour
une bonne action. Elle serait voulue par notre gouvernement, si soucieux du
bien être de ses électeurs, pour, nous dit-on, contribuer à réduire les
inégalités sociales de santé en empêchant qu'une partie de la population
continue d'être sans assurance complémentaire ce qui participe au renoncement
aux soins. Mais alors pourquoi ne pas utiliser pour cela l'outil privilégié que
devrait-être la Sécurité Sociale solidaire?
Au
contraire, le dispositif voulu par nos gouvernants réduit le périmètre de la
sécurité sociale, privilégie un système d'assurance complémentaire obligatoire
par le biais des entreprises, s'inscrivant dans un dispositif patronal ou les
entreprises auront à gagner sur deux tableaux : possibles réductions de
cotisations sociales d'une part et, d'autre part, profiter des négociations avec les prestataires d'assurances
complémentaires pour substituer aux complémentaires antérieures en place dans
nombre d'entreprises de nouveaux contrats pour tous les salariés. En recul sur
les acquis des anciens bénéficiaires d'assurances complémentaires et n'offrant
qu'un panier de soins remboursés réduit pour tous (nouveaux et anciens). Il faudra s'offrir un supplément
pour une couverture correcte. Mais, non seulement cette nouvelle assurance
complémentaire est imposée à tous, mais elle est aussi imposable puisque les salariés
seront fiscalisés sur les cotisations salariales et patronales de cette prestation
obligatoire. Moins bonne couverture complémentaire pour beaucoup, surcoût pour
tous via la fiscalisation, panier de soins réduit, dépenses supplémentaires
pour qui voudra maintenir sa couverture : tout cela favorisera les intérêts
de quelques uns, développera une « stratégie
anti sécurité sociale » et aboutira, hélas, à une aggravation des
inégalités sociales de santé.
La mise en place d'une plate-forme dite de" 2ème avis" à 295 € l'avis au lieu de 23 €
Là
encore, la démarche est pavée de
bonnes intentions pour satisfaire les besoins et interrogations des patients et
leurs familles qui désireraient un avis éclairé d'une sommité médicale
concernant leur pathologie grave
et complexe. Et sans voir le patient, mais en consultant un dossier étayé, les experts rendront un avis coûteux et non
remboursé. Comme on dit, mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et
malade...
Pourquoi
ne pas utiliser les dispositifs existants de consultations auprès de
consultants spécialisés, ou le patient est adressé par son médecin généraliste
avec des questionnements pertinents et pour le prix d'une consultation
remboursée? Pourquoi ne pas chercher à améliorer l'existant pour tous plutôt
que de créer des espaces pour quelques uns en aggravant les inégalités sociales
de santé? Mauvais coup pour la santé, mauvais coup pour l'accès aux soins,
mauvais coup contre la sécurité sociale.
Il
y a, parmi ceux qui s'engagent dans ce dispositif, né avec la bénédiction du
Ministère, de l'ARS Ile de France, du CNOM et l'accord de la CNIL, des sommités
médicales, réputées pour leurs parcours, présidents de ceci ou cela. Mais ces
titres, ces passés, ces renommées peuvent-ils être suffisants pour témoigner,
pour le présent, de l'absence de conflit d'intérêt? Nos gouvernants ne voient-ils pas là une pierre de plus pour
édifier leur stratégie anti Sécurité Sociale quelles qu’en soient les conséquences
pour le plus grand nombre des usagers?
Conventions de revitalisation des Maisons et Pôles de Santé
Tout
comme les Centres de Santé, les Maisons et Pôles de Santé ont des problèmes
financiers. Les entraves budgétaires freinent ou empêchent la réalisation de
projets innovants ou tout simplement
gênent le bon fonctionnement de leurs structures.
Pour
résoudre ce problème, la Fédération Française des Maisons et Pôles de Santé
accepte de bénéficier d'apports financiers issus d'acteurs privés, leur
permettant ainsi d'améliorer leurs prestations. C'est ainsi qu'ils viennent de
signer une convention de revitalisation avec le laboratoire pharmaceutique
PFIZER qui leur versera, via la Caisse des Dépôts et après validation par le
Ministère, des dotations contribuant à la création de 100 postes (en
particulier de coordinateurs d'équipes ou de médecins DIM [département
d'information médicale]) au sein des MSP pour faciliter travail administratif,
gestion des réunions, des projets, des locaux. En fait, sera versé pour un
équivalent temps plein : 5000 €, puis...?
Mais
n'y a-t-il pas un gros conflit d'intérêt pour un établissement de soins de
recevoir des dotations issues d'un groupe pharmaceutique? N'y a-t-il pas à
terme des risques d'ingérence et de subordination?
Le
comble dans cette affaire est, peut-être, la disposition décidée par le gouvernement et qui aboutit à cette forme de déviance.
En effet ce type de conventions concerne des entreprises qui, comme PFIZER, ont
procédé à des licenciements collectifs et doivent se racheter une bonne conduite
en signant ces conventions et en réinvestissant dans d'autres emplois!!! On marche sur la tête... mais c’est pour
eux assurément rentable. Un bel investissement.
Avec
le même raisonnement, et pour les exonérer de toute faute ou responsabilité, on
pourrait demander aux pollueurs de payer quelques masques à gaz pour être
quittes, et aux assassins de mettre leur obole dans une bonne œuvre pour être
innocentés.
Pauvre France, pauvre République où les valeurs d’intégrité, honnêteté,
désintéressement se perdent au plus haut niveau. C’est peut être ça aussi l’obsolescence
programmée.