Le système de santé en France a tardé à assurer aux patients un rôle actif. Les associations de patients s'organisent le plus souvent autour de thèmes précis avec des thématiques de santé particulières. Il s'agit ici de mettre en lumière telle ou telle pathologie et de focaliser l'attention du plus grand nombre autour de cette pathologie. La réunion de patients autour d'un centre de santé offre un cas de figure particulier dans la mesure où l'on pressent et constate un rôle militant avec une vision plus globale de l'accès aux soins des patients, et ceci dans la proximité. Le comité d'usagers peut avoir une fonction de défense d'une structure de santé menacée, mais aussi de sa valorisation. Il peut aussi être à l'origine même de la création de la structure, comme ce fut le cas à Poitiers.
Mais tout d'abord, quelle représentativité peut revendiquer ce comité
d'usagers pour mener ces actions ? Cette question peut et doit trouver une
réponse au fil des échanges permanents avec l'ensemble des usagers par tous les
moyens : le dialogue, les réunions, l’édition de journaux (cas de Montreuil),
la diffusion de tracts et d’affiches, des enquêtes et questionnaires et
également des réunions sur les grandes thématiques de santé, ainsi que cela a
été réalisé par le comité d'usagers du centre de santé de Gagny depuis plus de
quinze ans. Il est indispensable de tisser un lien entre la population la plus
large possible et le comité d'usagers. Si l'on interroge ces usagers, leurs
réponses peuvent se centrer sur la nécessité du développement de la structure,
sur l'amélioration du service rendu (étendre les plages horaires, accroître le
nombre des spécialistes) mais aussi sur une plus grande présence et
visibilité au sein même de la structure (boîte aux lettres,
questionnaires). Par suite s'installe un nouveau dialogue entre usagers et
praticiens : le dialogue médecin patients prend ici une tournure nouvelle avec
des échanges en dehors du temps de la consultation. Le patient n'est plus alors
dans un rôle passif avec l'enjeu personnel de la consultation qui a ses règles,
ses codes et son déroulement quasi planifié, mais dans un rôle affirmé qui peut
tout à fait déstabiliser le médecin dans son savoir, et par suite questionner
même le principe de la méthodologie en médecine… Cela mérite, de la part des
soignants, d'être considéré et bien sûr étudié avec la plus grande attention
dans le contexte du principe du partage des savoirs.
Dr Edouard JEAN
BAPTISTE